Anthony Mahieux, militant d’une cuisine au service de tous
Association Sawa
Avec son association Sawa, Anthony Mahieux aide grâce à la cuisine les personnes exilées et réfugiées. Une formation certifiante au métier de cuisinier a été créée pour faciliter l’intégration de ces populations et la fabrication de repas destinés à l’aide alimentaire permet aussi de favoriser le partage culturel autour des recettes et de briser l’isolement.
Comment est née l’association Sawa ?
Lors de mes études universitaires, j’ai travaillé sur un projet pour venir en aide aux personnes migrantes. Il s’agissait alors de les soutenir d’un point de vue administratif, linguistique, mais aussi en leur proposant des sorties culturelles.
J’ai alors eu envie d’inverser les rôles et de montrer que ces hommes et ces femmes avaient beaucoup à nous apprendre. J’ai tout de suite pensé à la cuisine qui permet de partager des valeurs, mais aussi de passer outre les questions de genres, de classes sociales et la barrière de la langue.
L’association propose une aide alimentaire, comment ça fonctionne ?
Nous avons commencé lors du premier confinement au printemps 2020. Beaucoup de grossistes déstockaient leurs marchandises et cela nous a permis de proposer des repas aux différentes associations, comme le Secours populaire, l’Ordre de Malte, etc.
Depuis 2022, nous fonctionnons différemment : nous préparons les repas tous les dimanches dans une cuisine située dans le 12e arrondissement. Ils sont ensuite proposés en maraude du côté de la gare de Lyon, mais aussi sur un point de distribution fixe à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Et depuis le mois d’avril dernier, nous gérons aussi un second point fixe les lundis à Sevran.
Comment imaginez-vous les repas ?
Depuis 2021, nous réalisons des collectes dans les supermarchés pour les produits secs comme la farine, le sucre, les huiles, etc. Tous les samedis, nous avons mis en place un réseau de récupération de produits alimentaires frais (œufs, beurre…) auprès d’un magasin bio, d’un primeur et d’une boulangerie. Cela nous permet notamment d’avoir à disposition des fruits et légumes bio et de saison, de très bonne qualité même s’ils sont un peu abîmés.
Nous réalisons ensuite un menu proposant une entrée, un plat, un dessert, mais aussi du pain, un fruit à croquer, des boissons chaudes et même des jus de fruits et légumes frais, très importants pour les vitamines qu’ils apportent.
Tout est cuisiné maison. S’il y a une tarte, c’est nous qui cuisinons la pâte brisée, ce qui est rare pour de l’aide alimentaire. Nous réfléchissons ensemble avec les bénévoles au menu, il n’y a pas de chef attitré. Tout le monde peut apporter ses idées de recettes et sa pierre à l’édifice. Les apprentis qui suivent notre formation de cuisinier viennent souvent nous donner un coup de main pour la réalisation de ces repas.
Vous avez aussi la volonté de cuisiner des produits de qualité ?
Nous luttons contre la précarité alimentaire. Mais nous le faisons à notre manière, c’est-à-dire sans produits industriels transformés. Nous revalorisons aussi des aliments abîmés qui n’auraient pas pu être commercialisés : cela nous permet de lutter contre le gaspillage alimentaire.
Enfin, nous apprenons aux personnes exilées à découvrir les produits français de saison pour créer des menus adéquats au bon moment de l’année.
Combien de repas avez-vous servis depuis le début de cette aventure ?
Lors des premiers confinements, nous avons servi plus de 10 000 repas. Les années suivantes, dans une configuration normalisée, nous proposions environ 60 repas les dimanches. Depuis 2023, nous servons 50 à 60 repas en maraude et 100 repas en distribution fixe les dimanches, et 100 en plus les lundis.
Comment un restaurateur peut-il soutenir votre association ?
- Vous pouvez bien sûr donner de votre temps, vous ou votre équipe, en étant bénévole au sein de l’association pour quelques heures, en préparant les repas de l’aide alimentaire par exemple.
- Vous pouvez aussi nous contacter pour que l’association récupère des produits alimentaires inutilisables en restauration, avec des DLC courtes.
- Votre soutien peut aussi passer par l’insertion professionnelle : vous pouvez prendre des élèves de notre formation en stage au sein de votre établissement.
- Vous pouvez enfin, les recruter par la suite.