Tri des biodéchets obligatoire à partir du 1er janvier 2024
Désormais, au même titre que les particuliers, vous êtes dans l’obligation de trier vos biodéchets depuis le 1er janvier 2024. Une nouveauté qui suggère un certain nombre d’ajustements. Découvrez les conseils pour mettre en place votre propre solution de tri.
Obligation de tri des biodéchets généralisé le 1er janvier 2024
Depuis 2012, les très gros producteurs de biodéchets (plus de 120 tonnes par an) étaient déjà dans l’obligation de trier leurs « déchets de cuisine ».
L’obligation s’est progressivement étendue en 2023, puis généralisée à l’ensemble des restaurateurs, mais aussi aux particuliers depuis le 1er janvier 2024. Cette mesure fait partie de la loi AGEC pour la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire.
Une nouveauté légale qui implique certains ajustements. Désormais, vous devrez jeter dans une poubelle spécifique les épluchures de fruits et légumes, les produits périmés, mais aussi les restes des assiettes y compris la viande, le poisson, les os, les arêtes, les coquillages, le pain ou le marc de café.
Si ce n’est pas déjà fait, vous devez trouver une solution de collecte adaptée à votre établissement. En effet, les sanctions peuvent s’élever jusqu'à 75 000 euros d’amende et deux ans de prison en cas de non-respect de la loi.
La collecte de biodéchets par des entreprises privées
Des sociétés spécialisées dans la collecte de biodéchets proposent leurs services aux restaurateurs depuis plusieurs années.
C’est le cas des Alchimistes, une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui assure le ramassage, mais aussi le traitement et la valorisation des biodéchets pour les transformer localement en compost à destination de l’agriculture.
Comment fonctionne le tri des biodechets ?
« Nous proposons une solution aux acteurs du territoire. Les restaurants sont nos principaux clients, mais nous ramassons également les biodéchets dans des établissements scolaires, Ehpads, hôpitaux, des entreprises ou auprès de la grande distribution », détaille Amélie d’Hautefeuille, directrice commerciale des Hautes-France.
« Le procédé est simple, explique-t-elle. Après discussion avec le restaurateur, nous évaluons la quantité de ses déchets en fonction de sa cuisine, du nombre de couverts et de ses jours d’ouverture. On peut ainsi établir un planning de collecte (une, deux, trois fois par semaine ou plus si besoin). Nous procédons ensuite avec un système d’échange de bac. »
Concrètement, tous les déchets sont jetés en vrac dans un bac fourni par la société (il n’y a pas de sac plastique, ce qui plus écologique et plus économique). Lors du ramassage un bac propre et désinfecté est donné au restaurateur en échange de celui collecté.
Une fois sur site, le bac équipé d’un code-barres est pesé puis traité. « Cela permet au restaurateur de voir quelle quantité de nourriture est jetée, mais aussi quelle quantité de compost cela a permis de créer et quelle surface de sols a pu ainsi être amendée », souligne Amélie d’Hautefeuille.
Quel coût pour le tri des biodechets ?
Cette solution permet une tarification au réel en fonction de la quantité de biodéchets traités. « Il existe aussi une option de collecte à vélo avec un forfait qui varie de 49 à 119 euros par mois. Elle permet de ramasser jusqu’à 50 kg pour le tarif le plus bas », précise la directrice commerciale.
Dans son restaurant parisien Le Mesturet, Alain Fontaine, le président de l’AFMR (Association Française des Maîtres Restaurateurs), n’a pas attendu que la collecte devienne obligatoire. En 2014, il est l’un des premiers à faire appel aux services de l’entreprise Moulinot pour ramasser ses biodéchets.
« Je savais qu’à terme, cela deviendrait une obligation. Et puis cela s’aligne avec mes convictions. Je suis maître restaurateur, ce qui signifie que chez moi tout est fait maison. Ça implique une grande quantité de biodéchets. Il était donc important pour moi de trouver une solution pour les valoriser. Je fais plus confiance aux petits gestes du quotidien qu’aux grands discours », défend-il.
Dans son restaurant, Alain Fournier produit près de 25 tonnes de biodéchets par an. Une quantité importante dont la collecte lui coûte entre 5 000 et 6 000 euros par an.
Des solutions de recyclage alternatives
La collecte municipale
À partir du 1er janvier 2024, toutes les mairies devront mettre en place un système d’enlèvement des biodéchets à destination des habitants. Certaines villes n’ont pas attendu pour mettre en place ces bacs de tri spécifiques et ainsi permettent également aux restaurateurs d’en profiter.
C’est le cas à Romainville, en Seine-Saint-Denis, où le restaurant Cheffes implanté au pied de la Cité maraîchère, une tour dédiée à l’agriculture urbaine, profite d’une collecte municipale pour le tri de ses déchets de cuisine.
« Nous trions et valorisons tous nos déchets depuis l’ouverture du restaurant en 2021 », explique Hawa Touré, l’une des cogérantes du lieu. « Juste à côté, nous avons des poubelles de tri pour le verre, le carton, mais aussi les biodéchets. C’est l’avantage d’être implanté dans une ville écolo. »
Cependant, « La plupart des communes disent qu’elles n’assureront pas cette collecte pour les professionnels. Chaque restaurateur doit se tourner vers sa collectivité pour savoir où elle en est sur ce point », prévient Amélie d’Hautefeuille.
Le compost
L’autre solution pour valoriser gratuitement ses biodéchets consiste à les composter soi-même. Cela suppose de disposer d’un espace suffisant pour installer un composteur, ou mieux, d’un jardin, pour profiter pleinement du fertilisant produit. Une solution particulièrement avantageuse, notamment à la campagne.
Mais dans les villes, certains restaurateurs soucieux de l’environnement s’y sont déjà mis. C’est le cas au Petit Bonheur, la cantine des Lilas, à deux pas de Paris, où tous les déchets sont compostés dans le jardin attenant.
Chez Cheffes aussi. En plus de la collecte organisée par la ville, « on a aussi un compost qu’on partage avec les habitants du quartier », raconte Hawa Touré. « Et puis une partie de nos épluchures est donnée aux poules du jardin Cassedalle un peu plus loin. »
Des professionnels de la restauration encore mal informés
Malgré l’obligation légale et les sanctions encourues, de nombreux restaurateurs n’ont pas encore mis en place leur système de collecte des biodéchets. Pour Amélie d’Hautefeuille, la raison est simple : « Ils sont très nombreux à ignorer cette nouvelle loi. Les restaurateurs ont beaucoup d’injonctions, il est donc difficile de savoir tout ce qu’il faut mettre en place. »
« Nous sommes inquiets, confie à son tour le président de l’AFMR, car on sait qu’entre le fait maison, les tickets-restaurants et les séquelles laissées par la pandémie, ce sujet est passé à la trappe alors que c’est très important. » Selon Alain Fontaine, « il faudra deux à trois ans pour que le système soit mis en place efficacement à grande échelle. »
En attendant, il milite pour que la sensibilisation soit faite « avec bienveillance et pédagogie ». « Les sanctions ne mèneront à rien », assure-t-il.
Si vous n’avez pas encore trouvé la solution adaptée à votre établissement, ne tardez plus. Tournez-vous vers votre mairie pour en savoir plus sur les solutions proposées aux professionnels, ou vers un spécialiste de la collecte pour obtenir un devis.